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Un nouveau comité pour la filière bois


Deux événements importants pour la filière bois ont eu lieu le mardi 16 décembre 2014 : la mise en place par le gouvernement d'un «  comité pour la filière bois » et la signature du contrat de filière bois. Ces deux événements ont été précédés, la veille, par la visite du ministre de l'économie Emmanuel Macron d'un site de production de sacs en papier appartenant à l'un des principaux acteurs de la filière en France, le groupe Gascogne, à l'occasion de laquelle il a donné une conférence de presse pour donner sa vision de la filière bois en France.


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crédit photo : Ministère de l'Agriculture

Le comité sur la filière bois

Ce Comité pour la filière bois a été mis en place par le ministre de l'économie conjointement avec Stéphane Le Foll, le ministre de l'Agriculture et de la Forêt et Ségolène Royal, ministre de l'Écologie. L'annonce avait été faite par Emmanuel Macron à Mimizan, dans les Landes. à l'occasion d'une visite d'un site de production. Selon le ministre, le rôle de ce comité sera d'étudier comment « mieux organiser l'exploitation et la production, parce qu'en France, on a une forêt formidable, une des plus belles d'Europe, une des plus riches, mais dont la production est très mal organisée ». Il estime que l'offre est insuffisamment structurée, entraînant de fortes variations du prix du bois, par exemple à la suite d'événements inattendus comme les deux tempêtes de 2000. Déplorant le fait que la France exporte son bois tout en important massivement des produits finis à base de bois, le ministre assigne également à ce comité la tâche de réfléchir aux manières de « garder notre bois et réussir à le transformer tout au long de la chaîne, pour fabriquer des produits finis pour nos concitoyens et nos entreprises, et les exporter ». Le ministre rappelle ainsi que la filière représente le deuxième poste du déficit commercial de la France, alors même qu'il mise notamment sur cette filière pour « redresser » l'économie française, ce qui a justifié son inclusion parmi les 34 plans de la nouvelle France Industrielle.

Un contrat de filière bois controversé

Un contrat de filière bois controversé Le même jour, le contrat de filière bois, en cours d'élaboration depuis plusieurs mois, a été signé. Le 10 mars dernier en effet, un Comité stratégique de la Filière Bois de la filière bois avait été mis en place, avec pour objectif notamment d'organiser des consultations et de rédiger ce texte. Celui-ci a ainsi été signé le 15 décembre 2014, par Ségolène Royal, ministre de l’écologie, du développement durable et de l’énergie, par Stéphane Le Foll, ministre de l’agriculture, de l’agroalimentaire et de la forêt, par Emmanuel Macron, ministre de l’économie, de l’industrie et du numérique, par Sylvia Pinel, ministre du Logement, de l’égalité des territoires et de la ruralité, par Alain Rousset, président de l' Association des Régions de France et par Luc Charmasson, président de France Bois Industries Entreprises et vice-président du CSF.  L'objectif de ce texte est de définir une stratégie à long terme traduisant les engagements de l'État, des régions et des acteurs professionnels. Pour Luc Charmasson, ce contrat signé par quatre ministères et l'Association des Régions de France est le « symbole de la transversalité du rôle de la forêt et du bois dans l’économie française et dans le développement durable » et a pour mission de permettre la mise en place d'une politique de filière impliquant à la fois les pouvoirs publics et les professionnels. Toutefois, il manque un important acteur de la filière bois parmi les signataires de ce contrat : la Fédération Nationale du Bois (FNB). Cette absence soulève la question de savoir si ce texte pourra remplir cet objectif alors même que dès sa signature, il ne parvient pas à fédérer l'ensemble des acteurs concernés.

La FNB refuse un texte qui ne favorise pas suffisamment la filière bois française
Philippe Siat, président de la FNB, regrette en effet qu'aucune disposition ne soit prise en faveur des professionnels : ils sont certes écoutés, mais leurs revendications ne sont pas prises en compte. En outre, si leurs souhaits se trouvaient dans le texte initial, ils ont été cavalièrement supprimés quelques jours à peine avant la signature définitive. Philippe Siat fustige ainsi un texte qui ne va pas dans le sens d'une filière française du bois forte et s'insurge contre cette signature qui s'est faite en dépit de l'opposition de l'une des plus importantes organisations professionnelles des entreprises de la filière bois-forêt, réunissant 1750 entreprises françaises. Trois raisons ont justifié cette décision. La FNB dénonce le refus du gouvernement « de prendre une résolution ferme et claire sur le sujet de l'exportation des grumes et de déployer un plan d'action national et communautaire pour y mettre fin ». Au contraire, le ministère envisage de supprimer la hausse des redevances phytosanitaires instaurée en octobre 2014. Pour la Fédération, les exportations massives vers l'Asie, représentent pour l'économie française un manque à gagner de 800 millions de valeur ajoutée. En 2014, selon la FNB, les exportations de chêne sont en augmentation de 100% et celles de hêtre, de 70% ; des ventes de grumes souvent via d'autres pays d'Europe, dont la comptabilisation échapperaient en grande partie aux douanes. En octobre dernier déjà, environ un millier de professionnels avaient manifesté pour dénoncer cette exportation croissante et déraisonnable du bois issu des forêts françaises. En outre, l'aide pour l'investissement accordée dans ce texte est bien inférieure à ce qui avait été promis par le gouvernement au moment des discussions. Le président de la FNB considérait en effet qu'il fallait plus d'un milliard d'Euros d'investissements pour les trois années à venir afin de faire face à la concurrence internationale et « lutter à armes égales ». Enfin, la FNB considère qu'il manque entre 3 et 5 millions de m3 à la récolte de bois en France pour répondre à la demande domestique. Il estime qu'il est prioritaire de résoudre le problème de la mobilisation forestière avant de chercher à développer une demande à laquelle l'état de l'offre ne pourrait répondre. Cela ne ferait qu'entraîner une importation encore plus accrue de bois et donc favoriser le bois étranger. Dans le contrat, on peut ainsi lire que l'un des neuf objectifs prioritaires consiste à « adapter l’offre de la première transformation aux besoins des marchés de la deuxième transformation  », ce développement de la filière ne se faisant toutefois pas dans le sens d'une réorientation vers le bois français. Or, la FNB souhaite à l'inverse que le gouvernement opère un rééquilibrage du marché en faveur du bois français, en adaptant les usages du bois à la ressource, et non l'inverse. En effet, le bois français ne peut, de par ses caractéristiques, répondre à tous les besoins, notamment dans la construction, justifiant ainsi l'importation de bois étranger.
(18/12/2014)

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