La forêt française en danger ?

C'est ce que semblent penser les syndicats de semenciers, de pépiniéristes, de gestionnaires forestiers, de sylviculteurs et de scieurs, qui tirent la sonnette d'alarme sur la faiblesse qualitative et quantitative du reboisement depuis la disparition du Fonds Forestier National (FFN) en 1997. S'il est vrai que ces différents syndicats sont juges et parties, il faut reconnaître que pendant ses cinquante années d'existence, le FFN a appliqué une politique volontariste en matière de reboisement. En son absence, depuis quinze ans, les plantations ont été divisées par quatre.

En fait, ce que ce collectif de syndicats pointe du doigt, c'est la régression de la production de bois utilisables dans la construction. La forêt française croît de 40 à 80.000 hectares par an mais cet accroissement, pour part naturel, pour part mal orienté, ne répond pas aux besoins du marché. Cette situation est due à un certain désengagement de l'Etat, avec l'abandon du FFN. Elle est aussi le fait des propriétaires privés, qui détiennent 74% des surfaces, mais dans de petites parcelles de 3,2 hectares en moyenne. Les exemples historiques de prise en main de la ressource forestière ne manquent pas dans notre pays. Faudra-t-il en arriver là pour répondre aux besoins de la construction bois ? Peut-être, car l'investissement dans ce domaine est à long terme. Celui qui plante l'arbre est rarement celui qui le récolte. L'Etat dispose de peu de marge, surtout en matière financière et il a tendance à ne pas voir au delà de cinq ans. Mais le gisement d'emplois et de développement que représente la forêt, sur fond de Grenelle, l'incitera peut-être à réinvestir le secteur.