L'architecture responsable est en deuil
C'est avec une grande tristesse que nous avons appris le décès, lundi 1er juin 2015, de l'architecte Françoise-Hélène Jourda, dont le nom restera à jamais attaché à plusieurs réalisations emblématiques de l'utilisation du bois dans la construction. Enseignante dans de nombreuses universités à travers le monde, elle a conçu et réalisé de nombreux projets architecturaux avec la volonté de privilégier le développement responsable, l'utilisation efficace de chaque matériau et le recyclage futur des bâtiments plutôt que de se concentrer sur la forme et sur "l'immortalité de nos traces bâties".

crédit photo : Jourda Architectes
Françoise-Hélène Jourda a partagé sa vie entre construction et transmission
Depuis son diplôme d'architecte en 1979, Françoise-Hélène Jourda enseigne. D'abord à l'Ecole d'Architecture de Lyon qui l'a formée et pour laquelle elle réalise de nouveaux bâtiments en collaboration avec Gilles Perraudin.
Puis elle s'installe pour quelques années à l'Ecole d'architecture de Saint-Etienne de 1985 à 1989. Avant de s'expatrier en 1990 à l’Ecole d’Architecture d’Oslo, en Norvège. On la retrouve en 1992 à l’Université du Minnesota, USA et à la Polytechnic of Central London, en Grande Bretagne. En 1998, elle est à l’Université Technique de Kassel, en Allemagne et enfin à partir de 1999 à l’Université Technique de Vienne, en Autriche.
L'architecture entre conscience sociale et devoir environnemental
En parallèle avec sa vie d'enseignante, elle mène une brillante carrière d'architecte et réussit à imposer, à travers son agence
Jourda Architectes, son approche responsable, à la fois respectueuse des ressources et consciente du rôle social de la construction. A ce sujet, Françoise-Hélène Jourda a écrit :"Il s’agit donc tout simplement de considérer (enfin !) que les ressources à disposition de l’humanité sont limitées. Et qu’il est nécessaire, chaque fois qu’on les utilise, les transforme, les détruit, de vérifier que l’on ne privera pas les générations futures (et pas seulement nos petits ou arrière petits enfants, mais les habitants des siècles à venir) de ressources qui leur feraient défaut et ne leur permettraient pas de vivre leur vie, une vie dont on ne connaît rien aujourd’hui". Dans sa logique, la mixité des matériaux est omniprésente,comme pour ces logements sociaux réalisés à Rouen à la fin de années 2000.
Avec sa disparition, l'architecture responsable a perdu un porte-drapeau mais elle a contribué à ouvrir une voie sur laquelle beaucoup maintenant cheminent avec succès et ses ouvrages, telle la halle Pajol à Paris, porteront longtemps son empreinte positive.
(08/06/2015)